EFFET DILUTION

Bien qu'essentiel pour la santé planétaire, ce mécanisme écologique est encore peu connu. C'est un service écosystémique qui montre comment la biodiversité protège la santé.

Parcours pédagogique


Définition

Le risque épidémique ne s'accroît pas avec l'augmentation de la diversité des espèces (effet d'amplification). Au contraire, l'effet dilution stipule qu'une riche biodiversité locale réduit les transmissions infectieuses.

Mécanisme

Lorsque la biodiversité animale est riche:
- La population des réservoirs , considérés comme des "hôtes compétents" pour la transmission des agents infectieux, est régulée par les prédateurs,
- Les réservoirs sont en concurrence avec des "hôtes non compétents", qui diluent le risque de transmission.

Une notion débattue

Des dissensus existent encore quant à la pertinence de généraliser l’hypothèse de l'effet dilution. L'effet dilution et l'effet d'amplification ne seraient pas exclusifs l’un de l’autre mais dépendraient plutôt de l'échelle d'analyse. L’effet dilution serait vrai dans 75% des situations, et l'effet d'amplification dans 25% (Projet BIODIS, 2015).

Un enjeu de santé publique

L'effet dilution montre que préserver la biodiversité permet aussi de protéger notre santé.
La prise en compte de ce mécanisme reste pourtant très limitée dans les politiques d'aménagement des territoires ruraux ou urbains.

L'exemple de la maladie de Lyme

C'est la première maladie vectorielle pour laquelle l'effet dilution a été démontré scientifiquement. Aux Etats-Unis, le réservoir de la bactérie Borrelia Burgdoferi, responsable de la maladie de Lyme, est la souris à pattes blanches. Dans une forêt présentant une grande diversité animale, la probabilité qu'une tique fasse son repas sanguin sur une souris à pattes blanches, est réduite par la multiplicité des espèces non compétentes pour la transmission de l'agent pathogène.

Par ailleurs, la souris à pattes blanches est un rongeur "généraliste", qui a la capacité de s'adapter à tous les environnements, même ceux modifiés par les humains. A l'inverse, les rongeurs "spécialistes", liés à des niches écologiques, ne survivent pas, par exemple, à la fragmentation des forêts. Les scientifiques ont montré que ce sont les "généralistes" qui sont les réservoirs d'agents pathogènes.

Références

  • Marie-Monique Robin, La Fabrique des pandémies, chapitre 4, "Comment la biodiversité protège la santé : l'effet dilution", 2021
  • Serge Morand, François Moutou, Céline Richomme et al, Faune sauvage, biodiversité et santé, quels défis ?, 2014
  • François Moutou, Des épidémies, des animaux et des hommes, 2020
  • Serge Morand, L'homme, la faune sauvage et la peste, 2020
  • Richard Ostfeeld et Felicia Keesing, "Biodiversity and disease risk : the case of Lyme disease", Conservation Biology, vol. 14, 2000, p. 722-728