RÉSERVOIR ET HÔTE INTERMÉDIAIRE

Pour passer d'un réservoir animal à l'humain, un agent infectieux passe par un hôte intermédiaire qui lui permet de s'adapter.

Parcours pédagogique


Explication

D'une manière générale, les agents pathogènes sont hébergés par des animaux qu'on appelle "réservoirs", qui sont des porteurs sains, car ils ne développent aucun signe clinique d'infection. Ils ont alors deux manières de contaminer les humains: soit ils passent par un vecteur de transmission, comme les moustiques (paludisme) ou les tiques (maladie de Lyme); soit ils passent par un "hôte intermédiaire" , qui leur permet de muter et de s'adapter à de nouvelles espèces (grippe ou Ebola). Certains hôtes intermédiaires facilitent cette transmission, comme les primates ou les porcs, avec qui nous partageons respectivement 99% et 95% de nos gènes. Dans certains cas, les humains peuvent être infectés par des agents zoonotiques en entrant en contact avec les déjections des rongeurs réservoirs (maladies à hantavirus, leptospirose).

Réservoir

Il existe des milliers d'agents pathogènes, potentiellement dangereux pour les humains, qui restent à découvrir.

Les trois principaux réservoirs sont:

  • les rongeurs qui comptent 2000 espèces et représentent 40% des mammifères. Les chercheurs ont montré que ce sont les rongeurs "généralistes", capables de s'adapter à des environnements très variés, qui sont porteurs d'agents pathogènes.
  • les primates, qui , en raison de leur proximité génétique, peuvent directement contaminer les humains (sida). Mais l'inverse est aussi vrai: les humains peuvent transmettre certains virus aux primates.
  • les chauve-souris qui regroupent 1400 espèces et hébergent des milliers de virus.
  • Hôte intermédiaire

    Les hôtes intermédiaires sont des espèces animales qui permettent à l'agent infectieux de muter pour pouvoir contaminer l'espèce humaine. Ce peuvent être des animaux sauvages - comme le singe (Ebola)- ou domestiques, comme le cochon (Nipah) ou le poulet (grippe).

    Les études ont montré que les élevages intensifs, où les animaux sont concentrés et identiques génétiquement, jouent un rôle amplificateur, permettant à l'agent infectieux de se multiplier et d'augmenter sa virulence.

    L'exemple de la grippe H1N1 (2009) illustre ce mécanisme: le virus, dont certains oiseaux sauvages sont le réservoir, aurait transité par un élevage intensif de poulets, où il aurait acquis sa virulence, puis de porcs, permettant sa transmissibilité aux humains.

Transmission, biodiversité et activités humaines

Certaines activités humaines favorisent la transmission d'agents pathogènes depuis leurs réservoirs:
- La déforestation ou la fragmentation des forêts fait fuir les prédateurs, comme les renards ou lynx, qui régulent la population des rongeurs.
Se mettent à proliférer les rongeurs dits "généralistes" (maladie de Lyme). En revanche, les rongeurs dits "spécialistes", qui sont liés à des niches écologiques, disparaissent.
- La destruction des habitats naturels contraint les chauves-souris à s'enfuir, pour chercher nourriture et gîte. Cette perturbation induit un stress chez les mammifères volants qui se mettent à excréter les agents pathogènes, dont ils sont le réservoir. Ceux-ci peuvent contaminer des aliments, des animaux sauvages (Ebola) ou domestiques (Nipah).
- En détruisant la biodiversité -animale et végétale- les monocultures favorisent la transmission d'agents pathogènes (maladies à hantavirus)
- L'élevage intensif contribue à l'amplification dur risque infectieux.
- L'urbanisation et l'expansion des métropoles augmente la transmissibilité des virus (grippe,Covid19).
- La globalisation et le transport d'animaux et d'humains sur toute la planète transforme un foyer infectieux en pandémies.

Chiffres-clés

  • Entre 1960 et 2017, le nombre de bovins sur la planète est passé de 500 millions à 1,6 milliard, celui des cochons de 500 millions à 1,5 milliard, celui des poulets de 5 milliards à 20 milliards.

Références

  • Marie-Monique Robin, La Fabrique des pandémies, chapitre 2, pp. 63-69, 2021