LES TRANSITIONS ÉPIDÉMIOLOGIQUES
L’espèce humaine est la plus parasitée des espèces animales avec plus de 1 400 espèces de parasites et microbes infectieux répertoriées, dont plus de 60% sont d’origine zoonotique. Les humains ont acquis ces pathogènes lors de trois grandes transitions épidémiologiques.
Les transitions selon Serge Morand
Après sa dispersion hors d'Afrique, Homo sapiens acquiert de nouvelles souches de parasites au fur et à mesure qu'il progresse en Eurasie, Australie et dans les Amériques.
Au néolithique, le développement des sociétés pastorales s'accompagne d'une augmentation de la densité de population et d' échanges de nouveaux agents pathogènes avec les animaux domestiqués. L'Asie est le premier centre de domestication: chat, buffle, bovin, mouton, cochon, chèvre, chameau, cheval, canard, et le poulet, auxquels s’ajoutent les commensaux (rats et souris).
L’avènement du commerce international permet d’échanger non seulement des marchandises, mais également des maladies infectieuses (la syphilis, la variole ou la peste). Aux Amériques, les conquistadors ont apporté de nombreuses maladies, comme la varicelle, le choléra, la diphtérie, la grippe, la lèpre, le paludisme, la rougeole, la variole, la coqueluche et le typhus, qui ont décimé les populations amérindiennes. La traite des esclaves noirs eut aussi des effets similaires.
La quatrième transition épidémiologique caractériserait l'Anthropocène. Elle est marquée par une double menace pandémique: celle des maladies chroniques, liées à la pollution environnementale et à la malbouffe; et celle des maladies infectieuses, provoquées par des nouveaux agents pathogènes. L'exemple de la Covid-19 montre que les personnes atteintes de maladies chroniques sont plus vulnérables aux effets des nouvelles pathologies infectieuses (facteurs de comorbidité).
Des Humains et des Bêtes
Serge Morand et Matthew Baylis ont montré que le nombre d'agents pathogènes que les humains partagent avec les animaux domestiques est proportionnel à l'âge de la domestication.